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INSTALLATIONS CABLES

C’est, avec la câblerie interurbaine de Conflans, l’activité la plus ancienne de LTT, puisque dès 1923 le Service Pose, Epissures et Bobines (c’était son nom à l’époque) installait entre Paris et Strasbourg le premier câble interurbain souterrain français commandé par l’Administration et fabriqué à Conflans.
C’est également la plus méconnue de la grande majorité du personnel de LTT car, par essence, cette activité s’exerce en dehors des sites industriels.

LES REALISATIONS

L’activité principale des Chantiers fut l’installation des Lignes à Grande Distance en France. Les Chantiers accompagnèrent également le développement de l’activité de LTT.NA. avec la construction des grandes artères Nord-Africaines et du câble du Canal de Suez.
Après-guerre, tout en poursuivant la construction du réseau interurbain français – en quelques soixante ans, LTT aura réalisé environ le tiers du réseau -, les Chantiers construisirent également des réseaux urbains en France et à l’étranger (les réseaux du Cameroun et de l’Egypte ont eu un grand retentissement).
Enfin, dans les dernières années de LTT, les Chantiers installèrent des liaisons et des réseaux à base de câbles à fibres optiques : le câble de la Tour Eiffel, la première liaison optique française entre les centraux parisiens Tuileries et Philippe Auguste, ainsi que le réseau expérimental de Biarritz et les réseaux de Vidéocommunications 1G pour lesquels les Installations Câbles assurèrent la maîtrise d’œuvre de la construction des réseaux de câbles sont dans toutes les mémoires.

LES INSTALLATIONS CABLES DANS LTT

A partir des années cinquante, les Installations Câbles sont rattachées à Henri PECH, Directeur Technique Câbles de la Société.
Jean Aubert en fut jusqu’à son départ en 1977 le dirigeant emblématique.

Dans les années soixante, l’effectif des Chantiers était d’environ 200 agents permanents (hors embauche locale estimée du même ordre de grandeur), chiffre à rapporter à un effectif global de l’ordre de 4000 personnes pour l’ensemble de la Société.
Le chiffre d’affaires engendré par les Installations Câbles représente environ 15% de celui de la Société.

LES MISSIONS ET MOYENS DES INSTALLATIONS CABLES

Les Chantiers étaient structurés autour de deux services :

  • le Service Pose regroupant les métiers de topographes et de génie civilistes
  • le Service Raccordement avec les métiers d’électriciens et de transmetteurs
  • 1- Le Service Pose.

    Le Service Pose avait en charge :
    d’une part les études préliminaires de tracé des artères de câbles sur le terrain et la confection des plans de pose pour la réalisation proprement dite. C’est la mission de la section Etudes et Piquetage.
    d’autre part les travaux de génie civil et de pose du câble proprement dite. C’est la mission de la section Travaux de Pose.

    1-1. Etudes et Piquetage .

    Il s’agit, à partir d’un itinéraire sommaire, de déterminer l’emplacement exact du futur câble, en concertation avec le gestionnaire de la voirie et les autres concessionnaires du sous sol. Le projeteur procède au levé de plan de l’itinéraire ainsi retenu, matérialise le tracé sur le terrain, effectue un chaînage précis du tracé et implante les différentes épissures et points de charges ou points d’amplification qui seront insérés sur la liaison. Le tout est reporté sur un plan minute où sont indiquées la profondeur de pose, les cotes de passage et les protections à apporter au câble.
    Ces plans minutes sont mis à jour au bureau de dessin qui confectionne les dossiers de plans qui seront communiqués aux services extérieurs intéressés et remis au chantier pour exécution.
    Le bureau de dessin élabore également des documents annexes, tels que le mémento de pose, bien connu des services de l’usine, et l’état des longueurs de câbles à fabriquer.

    1-2 . Travaux de Pose.

    Ce sont des travaux d’infrastructure lourds qui nécessitent des engins de travaux publics et de transport appropriés.
    En règle générale, ils comprennent l’ouverture d’une tranchée, le transport de câbles, la pose du câble et le remblaiement de la tranchée.
    Des ouvrages particuliers sont construits aux points de charges et d’amplification.
    Des passages singuliers nécessitent la mise en œuvre de techniques particulières.
    Enfin une mise à jour des plans de pose permettra l’établissement des plans de récolements nécessaires à l’exploitant pour la maintenance de la liaison.

    1-2a. L’ouverture de tranchée.

    Les méthodes utilisées sont fonction des époques de réalisation, de critères économiques, de l’environnement (bord de route, terrain privé, pente, bord de voie ferrée, etc) et de la dureté du terrain.
    Quelques exemples :

  • ouverture manuelle le long d’une route
  • ouverture à la pelle à câbles
  • ouverture à la pelle hydraulique
  • ouverture à l’excavateur à chaîne sur chenilles
  • ouverture à l’excavateur à roue sur chenilles
  • ouverture à l’excavateur à chaîne sur pneus
  • ouverture le long de voie ferrée avec train de travaux
  • ouverture manuelle en forte pente
  • ouverture de terrain rocheux à la main
  • ouverture de terrain rocheux au marteau piqueur – années 30
  • ouverture de terrain rocheux au marteau piqueur – années 70
  • ouverture de terrain rocheux au wagon drill
  • ouverture de terrain rocheux au rock cutter
  • 1-2b. Le transport des câbles.

    Les tourets sont généralement expédiés par chemin de fer depuis l’usine de Conflans jusqu’à la gare la plus proche du site de pose. Puis ils sont acheminés sur le chantier à l’aide de véhicules appropriés. Après pose du câble les tourets sont de nouveau transportés en gare et réexpédiés à l’usine.

  • transport de tourets dans les années 20
  • transport de tourets dans les années 30
  • transport de tourets dans les années 50
  • transport de tourets dans les années 60
  • 1-2c. La pose des câbles.

    Les câbles sont généralement posés en tranchée, soit par déroulage, soit par tirage. Cette pose nécessite un ensemble de pose constitué d’un tracteur pourvu d’un treuil ou d’un cabestan et d’une remorque dérouleuse munie d’un bras de déroulage.

  • ensemble tracteur + 2 remorques dans les années 20
  • ensemble tracteur et remorque dérouleuse dans les années 20
  • ensemble tracteur et remorque dérouleuse dans les années 30
  • ensemble tracteur et remorque dérouleuse dans les années 50
  • ensemble tracteur et remorque dérouleuse dans les années 60
  • ensemble tracteur et remorque dérouleuse dans les années 70
  • tirage en tranchée à l’aide d’un cabestan

  • Certains environnement nécessitent des équipements particuliers pour la pose en tranchée.
  • Pose en zone désertique
  • Pose le long de voies ferrées

  • En agglomération le câble est tiré en conduite multitubulaire construite préalablement, avec l’utilisation d’un treuil.
          treuil mécanique
          treuil pneumatique
          treuil hydraulique
    Lorsque l’environnement le permet, le câble peut être enfoui directement dans le sol, sans ouverture préalable de tranchée. On utilise alors un Cable Layer ou charrue fileuse qui ouvre une saignée à l’aide d’un soc et dépose directement le câble. Enfin, dans les zones inaccessibles à tout engin, le câble est posé par portage.

    1-2d. La pose des pots Pupin et des cuves d’amplification.

    Avant-guerre, les pots Pupin en fonte étaient particulièrement lourds, de l’ordre de la tonne. Des véhicules particuliers ont été développés afin d’assurer leur manutention et leur mise en place.

  • pose de pot Pupin Western
  • pose de pot Pupin LTT années 30
  • pose de pot Pupin LTT années 50

  • Plus récemment, dans les années 1970, la pose des cuves d’amplification pour câbles coaxiaux, généralement installées en pleins champs, a nécessité l’emploi d’un engin adapté.

    1-2 e. Les passages particuliers.

    Le franchissement de points singuliers tels que les fleuves et rivières, les voies ferrées importantes ou les autoroutes s’effectue soit en sous-terrain, soit en empruntant des ouvrages d’art. Des techniques appropriées ont été mises au point :

  • traversée par forage horizontal
  • traversée sous fluviale :

  •       câble directement immergé
          tuyaux posés dans une souille
          tuyaux enfouis sous pression
  • passage d’ouvrage d’art :

  •       en encorbellement
          avec dispositif antivibratoire

    2- Le Service Raccordement

    Le raccordement, ce sont ces petites tentes que l'on voyait en ville sur les trottoirs ou quelquefois au milieu de la rue, à la campagne en bordure de route ou dans les terrains privés.
    Sous ces tentes qui le protègent des intempéries, le personnel effectue le travail de raccordement qui consiste essentiellement à effectuer des mesures préparatoires, à épissurer des longueurs de câbles directement entre elles ou par l’intermédiaire d’un matériel d’équipement, à raccorder le câble aux matériels d’extrémité et à entreprendre les mesures de réception finales.

    2-1. Les mesures préparatoires

    Exécutées en liaison étroite avec les travaux d'épissurage, ces mesures sont destinées à sélectionner des circuits dont la diaphonie entre eux soit la plus faible possible, dont les impédances soient les plus homogènes et les plus régulières possible et dont l'affaiblissement présente les mêmes caractères d'homogénéité et de régularité.
    Elles nécessitent bien entendu de disposer d'appareils de mesure fiables, portatifs et performants, mais surtout de techniciens et d'ouvriers extrêmement spécialisés qui ont fait l'objet d'une formation et d'une sélection très poussées. Ils sont en fait les garants de la qualité finale de la liaison.

  • mesure de déséquilibre de capacité – années 1930
  • mesure de déséquilibre de capacité – années 1940
  • mesure de déséquilibre de capacité – années 1950
  • mesure de déséquilibre de capacité – années 1960

  • D’autres mesures et essais permettent de s'assurer de l'intégrité du câble après transport et opérations de pose [essais d'isolement et de tension de claquage, éventuellement essais de pression,...]. Les liaisons expérimentales de câbles à fibres optiques, par exemple firent l’objet durant les opérations de pose de mesures par rétrodiffusion pour s’assurer du bon comportement des fibres.

    2-2 . Le raccordement de longueurs de câble entre elles

    Ce travail comporte différentes opérations :

  • la préparation qui consiste à dépouiller le câble de ses différentes protections de façon progressive (feuillards ou fils d'acier, polyéthylène, plomb ou aluminium ou acier), ceci suivant des cotes extrêmement précises.
  • le raccordement des conducteurs entre eux, après mesures et sélection.
  • le raccordement des enveloppes métalliques .
  • la protection du manchon plomb par mise en place d'un manchon fonte.
  • 2-2a. Le raccordement des conducteurs

  • raccordement des conducteurs d’un câble à quartes, où les conducteurs isolés par du papier sont raccordés par torsade avec reconstitution de l’isolation par un manchon également de papier [la cigarette]
  • raccordement des paires coaxiales 2,6/9,4, par sertissage des pièces d’assemblage et soudure
  • raccordement des paires coaxiales 1,2/4,4, par sertissage des pièces d’assemblage et soudure
  • raccordement des paires coaxiales 3,7/13,5, par brasure du conducteur intérieur et montage mécanique des coquilles extérieures
  • raccordement des fibres optiques, par épissurage global des dix fibres d’un jonc rainuré
  • 2-2b. Le raccordement des enveloppes

    L’ensemble du faisceau raccordé est d’abord protégé par enrubannage ou par manchon cartonné, puis la continuité métallique du câble est assurée par l’intermédiaire d’un manchon de plomb ou d’un manchon de laiton soudé à ses extrémités sur l’enveloppe métallique.
    Enfin le tout est mécaniquement protégé par une boîte fonte qui est remplie par du compound coulé à chaud.

    2-3. Le raccordement des câbles aux matériels en ligne

    Le raccordement des câbles à une boîte de charges s'effectue sur des amorces préparées en usine raccordées aux bobines de charge et installées dans une boîte laiton, elle-même positionnée dans le pot Pupin en fonte.
    Le raccordement des câbles dans une cuve d'amplification s'effectue par mise en place de pièces de division, sur lesquelles sont raccordés les cordons coaxiaux souples reliés aux amplificateurs.

    Dans les applications de réseaux urbains, les câbles de transport sont raccordés à des sous-répartitions, généralement installées dans des armoires sur trottoir.

    2-4. Le raccordement des câbles au matériel d’extrémité

    En général, dans les bâtiments d’extrémité, les câbles sont raccordés, par l’intermédiaire d’une pièce de division, aux câbles amorces des têtes de câble<.

    Dans les applications de réseaux urbains, les câbles de distribution sont raccordés à des points de concentration.

    LES HOMMES SUR LES CHANTIERS

    Les Chantiers, ce furent essentiellement des hommes, des topographes, des spécialistes de Génie Civil, des électriciens qui, en déplacement permanent, quelle que soit l'époque et quelles que soient les conditions de travail, étaient là, dans telle région française ou à l'étranger, pour étudier, installer, sauvegarder ou réparer "leur" Câble.
    Cette vie de groupe, nomade, organisée autour du Chantier, fut au côté de l'attachement à un travail soigné, considéré comme étant au service de l'intérêt général, le ciment d'un esprit de corps particulièrement développé.

    Les installations mobiles dont étaient dotés les Chantiers témoignent aujourd’hui des conditions de vie tout à fait particulières des personnels qui ont participé à la grande aventure des Installations Câbles de LTT.

  • les roulottes hébergement du personnel se déplaçaient avec le chantier et étaient, dans un premier temps, installées directement le long des routes. Plus tard, avec la mise à disposition de remorques transporteuses de personnel, ces roulottes formèrent des cantonnements fixes.
  • les roulottes LTT.NA, fabriquées à Conflans, furent acheminées à Alger à la création de LTT.NA en 1931 pour assurer le logement des techniciens de chantier détachés de la métropole. Elles seront remplacées vers 1949 par des wagons de chemin de fer aménagés .
    Le personnel autochtone est, lui, hébergé dans un camp de toile .
  • l’administration du chantier doit, elle aussi, se plier aux conditions locales, que ce soit sous la tente ou dans une roulotte bureau .